Communiqué de presse de l'UIESP lors de la Conférence internationale sur le planning familial (ICFP), Pattaya City, Thaïland, 14 au 17 novembre 2022


(mise à jour le 12 novembre 2022)

 

Dans les villes africaines, 12 millions de femmes souhaitent avoir recours à la planification familiale mais n'y ont pas accès

 

Les villes africaines comptent des millions de femmes qui voudraient éviter une grossesse mais rencontrent des difficultés pour accéder aux services de planification familiale. C'est ce qu'ont appris les délégués à la Conférence internationale sur la planification familiale qui s'est tenue cette semaine en Thaïlande. C’est lors de cette conférence, le plus grand rassemblement mondial de spécialistes et de praticiens en planification familiale, qu'ont été présentés les derniers travaux de recherche sur ce « besoin non satisfait », sous le parrainage de l'Union internationale pour l'étude scientifique de la population. 

 

Les habitants des villes africaines veulent pouvoir planifier leurs naissances et prévenir les grossesses non désirées. On estime que 12 millions de femmes urbaines dans ces villes souhaitent espacer ou limiter leurs naissances mais n'utilisent pas de contraception. C'est ce qu'on appelle le « besoin non satisfait » qui concerne entre 1 femme sur 10 au Zimbabwe et 4 sur 10 en Angola.

 

 Donner aux femmes et aux couples les moyens de répondre à leurs besoins en matière de contraception a également des effets positifs sur le développement urbain. La croissance actuelle de la population urbaine est principalement due à l'accroissement naturel de la population (c'est-à-dire que le nombre de naissances est supérieur à celui des décès dans les villes) et non à la migration des campagnes vers les villes comme beaucoup le pensent. Dans les zones urbaines, les populations tendent à être plus jeunes que dans les zones rurales, De nos jours, la population urbaine de l'Afrique double tous les 20 ans. Cette urbanisation croissante pose des difficultés en termes de planification et de fourniture d'infrastructures matérielles et de services sociaux. Plus de la moitié de la population urbaine vit dans des bidonvilles. Les participants à la conférence ont appris que si les taux de fécondité dans toutes les grandes villes africaines ont baissé au cours des dernières décennies, dans près de la moitié d'entre elles, cette baisse est aujourd’hui stoppée, et les taux se situent à des niveaux qui impliquent une croissance rapide et continue de la population. Les habitants des villes africaines veulent être en mesure de réguler les naissances dans leurs foyers. 

 

Le professeur John Cleland, de la London School of Hygiene and Tropical Medicine, a expliqué que « l'avenir de l'Afrique subsaharienne dépend dans une large mesure de ce qui se passe dans les villes. D'ici le milieu du siècle, on s'attend à ce que la population africaine soit urbaine à 60 %.  La diminution des grossesses non désirées par un recours accru à des méthodes efficaces de contraception sera bénéfique pour les familles, en termes, par exemple, de sécurité alimentaire, de scolarisation des enfants et de santé maternelle. » Veiller à ce que les femmes aient accès à la contraception et soient mieux à même de prévenir les grossesses non désirées aura des effets positifs à long terme sur la dynamique démographique en Afrique subsaharienne. Parmi les femmes qui vivent dans les villes africaines, certaines sont particulièrement vulnérables. Souvent, dans les villes, les services n'atteignent pas les réfugiés, et en particulier les femmes dont la vulnérabilité est accrue par des politiques défavorables au contrôle des naissances et les violences sexuelles. Cela se traduit par des grossesses répétées à haut risque, des contaminations au VIH/sida, des infections sexuellement transmissibles et des avortements à risque.

 

Le Dr Eliphas Gitonga de l’université Kenyatta, au Kenya, a déclaré lors de la conférence que Nairobi accueillait environ 100 000 réfugiés somaliens. D'après ses recherches, seul un réfugié somalien sur cinq utilise une méthode contraceptive moderne. L'approbation du partenaire, des pairs et de la communauté, l'accès à l'information sur la planification et la qualité de celle-ci sont des facteurs déterminants du recours à la planification familiale. Ces femmes méritent un soutien qui leur permette de répondre à leurs besoins en matière de planification familiale.

 

Le Prof Thomas LeGrand, de l'université de Montréal au Canada, a observé qu’« on ne soulignera jamais assez combien il est important de fournir aux couples les moyens de planifier leurs naissances  pour permettre aux femmes d'investir dans leur propre éducation et leur carrière, et aux familles d'investir dans l'éducation et la santé de leurs enfants  -  éléments essentiels de la lutte contre la pauvreté. En effet, les efforts visant à améliorer le bien-être de la population et à promouvoir la préservation de l'environnement – et plus généralement à atteindre les objectifs de développement durable (ODD) – doivent mettre davantage l’accent sur les villes à croissance rapide de l’Afrique subsaharienne ainsi que sur la santé reproductive et les services de planification familiale en ciblant les populations urbaines pauvres. »

 

Le Dr Sunday Adedini de l’Université fédérale d’Oye-Ekiti, au Nigeria, a déclaré à la conférence que d'ici 2030, les villes moyennes d’Afrique abriteront plus de la moitié de sa population urbaine, mais que ces types de villes ne disposent pas des infrastructures essentielles et sont donc moins résilientes et exposées à des risques de catastrophes extrêmes et à des facteurs de stress climatiques et autres défis environnementaux. Il a souligné qu’une augmentation des investissements pour s'assurer que les femmes ont accès à la contraception quand elles le souhaitent peut également jouer un rôle dans l'évolution des taux actuels de croissance urbaine rapide dans cette catégorie négligée de villes.

 

Le Dr Pierre Akilimali, de l’Université de Kinshasa, en République démocratique du Congo, a fait part de sa découverte surprenante, à savoir, que les femmes habitant dans les bidonvilles de Kinshasa utilisent davantage de contraceptifs que celles qui habitent dans les quartiers plus aisés de la ville. Cela est dû en partie au travail fourni par les agents de santé communautaires dans les bidonvilles et montre comment les besoins peuvent être satisfaits, même dans les milieux urbains à très faible revenu.

 

Et pour ceux qui se demandent si nous avons les moyens de faire tout cela :  les experts ont expliqué que la planification familiale est un moyen peu coûteux d'aider les femmes à améliorer leur vie, tout en favorisant le développement économique urbain et la résilience des villes. Ils ont également souligné que les études ont montré depuis longtemps que la satisfaction des besoins en matière de planification familiale va de pair avec une amélioration de la santé maternelle, infantile et juvénile, une autonomisation accrue des femmes et la réduction de la pauvreté des ménages. Le coût direct moyen de la fourniture d’une contraception moderne et efficace à un couple en Afrique est d’environ 8 dollars par an.


 

Interviewer les experts – avant, pendant ou après la conférence de l’ICPF :

 

Pour la coordination des entretiens : Dr Mary Ellen Zuppan, Directrice exécutive de l’Union internationale pour l’étude scientifique de la population, Tél. +33627647973 ;  Courriel : Zuppan@iussp.org    

 

Ou veuillez contacter directement l’un de ces experts :

 

  • Prof John Cleland, professeur émérite de démographie, London School of Hygiene and Tropical Medicine, Royaume-Uni. Téléphone : Phone +44 1 458 85 12 66 ; Courriel : john.cleland@lshtm.ac.
  • Dr Eliphas Gitonga, Université Kenyatta, Nairobi, Kenya. Téléphone : +254 721 40 66 09 ; Courriel : gitonga.eliphas@ku.ac.ke 
  • Prof Thomas LeGrand (Entretien possible en anglais ou en français) , professeur émérite de démographie, Université de Montréal, Canada.  Courriel : tk.legrand@umontreal.ca  
  • Dr Sunday Adedini, Université fédérale d’Oye-Ekiti, Nigéria. Téléphone :  +234 803 397 7498 ; Courriel : sunday.adedini@fuoye.edu.ng  
  • Prof Pierre Akilimali Zalagile (Entretien possible en anglais ou en français) , Université de Kinshasa, République démocratique du Congo. Téléphone : +243 81 580 0288 ; Courriel :  pierre.akilimali@unikin.ac.cd    

 

 

 

Submitted by Mary Ellen.Zuppan on